Mourir pour vivre.
Autour de Dostoïevski
La véritable entrée en scène du prince Mychkine, dans L’Idiot de Dostoïevski, s’accomplit par le biais d’un étrange récit : ce héros paradoxal, qui ne s’impose qu’en s’effaçant, capte l’attention en rapportant les dernières pensées d’un condamné dans les minutes qui précèdent son exécution. Pendant cet ultime sursis, celui qui va mourir découvre ce qui depuis toujours crève les yeux : l’extrême densité du présent, et des « siècles de vie » enclos dans chaque minute. Dostoïevski lui-même, condamné à mort puis gracié au dernier instant, a vécu ce retournement. Il marque le point aveugle qui innerve son œuvre : il serait possible de toucher à l’absolu dans un monde voué au relatif, d’expérimenter l’infini dans l’horizon de la finitude. Akira Kurosawa propose une version inspirée du roman russe (L’Idiot, 1951) : seuls les naufragés et les rescapés, revenus de la mort, savent le secret de la vie. On sait que Nietzsche se découvre, en février 1887 et peut-être même avant, une profonde affinité avec le génie de Dostoïevski : l’homme du souterrain et le philosophe de la convalescence devaient se rencontrer, dans l’exacte mesure où il est nécessaire de traverser le tunnel de ténèbres pour renaître à la vraie vie.
Conférence sous le Chêne
QUAND
Jeudi 1er Décembre 2016 à 19h
QUI
Par
Jacques Darriulat
COMBIEN
Général : 12€
Abonnés Passion : 10€
Jeudi étudiants : 8€
Tarifs préférentiels Abonnés